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EN AVRIL, NE TE DÉCOUVRE PAS BLABLABLA ...

Notes du 04/04/22 - Esprit morose alors que quelque chose en

moi a plutôt envie d'enlever toutes ses guenilles à l'ancien monde.

Mais pour le moment, il semble que je sois encore tapie dans ma

tanière.

Dans le train le Croisic – Paris

Après un mois de mars entre Le Croisic, Cabourg, La Belle Idée, Paris et Toulouse,

je suis toute heureuse de repasser par Paris avant de retourner dans le sud, et je vais

donc prendre mon rituel café dans la voiture-bar, avec mon amie Isabelle (nous venons toutes les deux de passer 5 jours de formation, magnifiques, au Croisic). Je commande donc un café et, audace inopportune, je demande aussi un gobelet d’eau chaude. Sans rien dedans. Sans sachet de thé ni rien d’autre. De l’eau chaude pour boire avec mon espresso. Mais ce n’est pas possible de servir un gobelet d’eau chaude. «Parce que vous comprenez ...», me dit le monsieur derrière son comptoir. Non, je ne comprends pas, je n’ai pas compris ce qu’il m’a donnée comme raison. J’ai entendu une phrase, sujet-verbe-complément, mais je ne l’ai pas comprise. J’ai pris mon café et rejoint Isabelle, sans rien dire de plus. Je n’ai plus le jus, comme je l’ai eu à d’autres moments, pour essayer d'amorcer une conversation. Non pour le convaincre de me filer ce foutu gobelet d’eau chaude. Parce que, voyez-vous, nous vivons collectivement des évènements bien plus graves en ce moment, n'est-ce pas (Cokraine, Uvid, élecmat, clitions ...) ? Mais non, je n'ai plus le jus pour simplement entrer en communication avec un être humain et entendre son point de vue, et comprendre son attitude, et peut-être mieux accepter le moment, pour sortir de la sidération, de la colère, ou de la tristesse.

C’est sans doute ce manque de jus qui me rend vraiment triste.

Tapie dans ma tanière intérieure, mon café a le goût d'un jus de chaussette.

 

Dans le train Paris-Marseille

Le lendemain, dernière étape avant le retour dans le sud, me voici dans un autre TGV, contente comme une gamine d’être installée dans le sens de la marche, côté soleil, avec la grande vitre pour bien voir le paysage. Contente, satisfaite de ma bonne fortune, bien quoi. Et puis, un homme s’installe à côté de moi et là, de manière surprenamment efficace, je deviens totalement et instantanément invisible. Je n'existe plus, même pas en tant que gobelet (d'eau chaude ?) posé sur le fauteuil d'à côté. Je suis devenue invisible et cela va probablement durer 3h30. Ce n'est pas le fait que ce soit moi qui suis invisible qui me touche profondément, mais que l'être humain que je suis soit invisible pour un autre être humain.  Peut-être le casque sur ses oreilles a-t-il filtré mon jovial "bonjour monsieur" ? Peut-être ne parle t-il pas français ? Ah si, ben si. Nos regards ne se croisent pas, même si je cherche le sien. Sont-ce les masques qui ont à ce point abimé la relation entre nous, être humains ? Casque, téléphone, masque. Trio perdant. Et je n'ai pas non plus le jus pour insister, créer des opportunités pour échanger deux mots, deux sourires, pour, juste reconnaitre et sentir l'être humain dans l'autre.

Tapie dans ma tanière intérieure, mon silence a le goût moisi de mon abandon.

Mais comme je connais ces moments de replis ! Je voudrais pourtant les reconnaitre aussi, et le plus souvent possible, comme étant peut-être un recul opportun, pendant une période particulière, personnelle ou sociale, ou les deux. Et je voudrais alors, depuis ce regard délicatement mais fermement distancié de mon propre moi, retrouver la sensation d'aimer chez l’être humain son humanisation croissante et sa possibilité de réhabilitation future*.

Alors dans ma tanière intérieure, mes rêves retrouveront le goût tant choyé de la tentative ...

* "A propos de l'humain"

 

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