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10 juillet 2021

A MA PLACE

Je suis installée sur mon lit, dans mon camion.

Dedans dehors.

Et je suis exactement là où j‘ai envie/besoin d’être.

A ma place.

 

 

Trois loupiottes, des papillons de nuit, un moustique, les grillons, la chouette, la campagne occitane de mon enfance s’endort. Dans ce hameau où vivent mes parents, au nord de Béziers (1), j'apprivoise l'espace. Mon espace, ma nouvelle vie. Ces derniers jours, j’étais percluse de doutes, de peurs, déstabilisée dans ce grand mouvement que j’ai pourtant tellement voulu. Tant que la rêverie n’est pas accomplie, elle se nourrit de fantasmes, de projections, et de frustrations. « La frustration est la seule voie non fausse », disait Silo.

 

Et un jour, la rêverie devient projet, puis réalité, et se cogne alors bizarrement à la matière. L’incarnation semble être un accouchement dans la douleur. Jusqu'à vouloir presque revenir en arrière, dans le cocon douillet d’un passé connu. Mais le retour est impossible, tout est en marche, freiner ne sert à rien. Il s'agit alors d'accueillir les angoisses du nouveau, absorber la surprise de réaliser un rêve, un peu fou, un peu décalé, un peu insécurisant. Respirer la foi dans un Dessein qui semble me dépasser un peu. Comme ce camion trop grand, trop haut, trop imposant. Tout est allé si vite, finalement, que j’ai la sensation que c’est lui qui m’a choisie, qu’il me demande alors de l’apprivoiser, de l’habiter, de lui transmettre mon âme.

 

C’est bien saugrenu de parler ainsi d’une grosse machine à roulette,

somme toute inerte, faite de ferraille et de bois.

 

            Mmmmm … je vais quand même avoir besoin d’une grande moustiquaire …

(1) Quelques photos de La Linière, prise en juillet et août, ici.

Ma première étape avec le Camion a été chez mes parents. Sans doute avais-je besoin de les rassurer un peu, eux aussi. J'y suis retournée ensuite en août, pour un séjour avec mes sœurs et leurs familles.

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