COMMUNICATIONS D'ESPACES
Juin 2022
"Mortel Camion"
Cueilleuse de voix « la mort… on en parle ! »
Et le voilà lui aussi en route, ce projet qui allie ma nouvelle vie et mes
divers métiers. Bon, le style de la présentation est un peu ... comment
dire ... institutionnel, parce rédigé pour de futurs partenaires pros.
Mais l'âme reste la même.
Depuis plus de 20 ans, mon expérience d’animer des séminaires sur les thèmes
de la vie à la retraite, de la vieillesse, du deuil et de la prévention, m’inspire
toujours plus la nécessité de redonner sa place à la parole autour de la mort,
dans notre quotidien. L’évolution d’un 20ème siècle détenteur d’une société qui
ne veut ni vieillir ni mourir, me conforte dans la nécessité d’avoir des espaces et
des temps dédiés à une écoute et une parole apaisée sur la question de notre finitude. D’autant qu’en ce début de 21ème siècle, les deux ans de crise sanitaire que chacun de nous a traversés n’a fait que renforcer le manque : manque de mots, de représentations, d’expression, de préparation, d’accompagnement, et parfois, même d’humanité. Reparler de la mort au quotidien, de la sienne, de celle de ses êtres chers, c’est pouvoir poser des mots sur des expériences souvent douloureuses, parfois incomprises. C’est aussi, en prenant conscience de notre mortalité, renouer avec le mouvement de la vie, généré par cette dynamique vie-mort, et retrouver ce commun, universel, qui, paradoxalement, fait de nous des vivants : nous sommes tous mortels ! C’est aussi peut-être recréer un lien entre soi et soi, entre sa propre vie et ce qui est essentiel, pour alors tenter de symboliser l’impensable invisible. Et c’est sans doute enfin, redonner une nouvelle place à cet amour : celui de la vie, et celui que l’on a pour nos êtres chers, en restaurant la fonction et la poésie des rituels, témoins du lien transformé.
Alors, puisque nous sommes tous mortels, empruntons les chemins de ce
«Mortel Camion » dans mon Renault Master aménagé, vers les villes, les villages, les quartiers, pour co-créer avec les partenaires acteurs de terrain, des moments d’échange autour de la mort, simples, conviviaux, déposés dans le quotidien.
Car cet aller vers est aussi un engagement. Si parler de la mort doit redevenir familier, je m’engage moi aussi dans ce quotidien. Je pourrais venir en train ou en voiture, et retourner ensuite dans mon habitat quotidien sédentaire. Et très bien. Dans l’objectif d’aller vers les gens, cette forme-là est aussi valable. Cependant, avec ce camion qui est aussi mon lieu de vie, je me déplace, de place en place, dans ce mouvement symbolisant la nécessaire dynamique vie-mort. Mon quotidien et leur quotidien se rencontrent, au-delà d’une représentation d’un cadre de travail plus institutionnel. Posant une proximité - peut-être une intimité - nécessaire à une rencontre propice à ces échanges, j’invite chacun, chacune à venir selon ses intérêts, sans enjeu (maladie, deuil, vieillesse …) ni critère particulier (âge, profession …), sinon le seul fait d’être vivant !
Plus personnellement, cet aller vers est pour moi une manière de remercier de tout ce que j’ai reçu, pendant plus de 20 ans, de ces gens qui se sont déplacés jusqu’à nous, lors de nos séminaire sur les sujets de la retraite et de la vieillesse. J’ai envie d’aller vers eux, de me déplacer, comme une sorte de réciprocité nécessaire, pour rencontrer ceux qui ne sont pas venus, ceux qui ne sont pas invités à des séminaires, ceux qui ne vont pas à des conférences. Pour me rapprocher d’eux, et partager aussi ce qui m’a été donné.
Et enfin, plus intimement, j’ai une histoire personnelle avec la mort d’un être cher, celle de mon frère. Avoir traversé et approfondi cette histoire m’a aidée à vivre. Ne pas la fuir m’a aidée à vivre. Cela m’a permis d’expérimenter et d’apprendre les choses parmi les plus essentielles de ma vie. Et cela pour moi, est un fondamental à offrir aussi, dans ce vécu commun.
Ainsi, nomade, je ne fais que passer, comme on ne fait que passer sur cette terre.
Et dans cet intervalle-là, j’arrive et je pars, et qu’est-ce qu’il se passe ?
Qu’allons-nous pouvoir créer et vivre ensemble ?
De tous temps et de toutes cultures, la mort porteuse de création et de collectif, atteste de notre conscience et de notre humanité.
Alors qu’allons-nous recréer de commun, depuis ces rencontres et ces échanges ?
Quelques-unes de mes inspirations
Ici : La réflexion : un entretien avec Florent Delaunay, qui donne les bases de la conférence sur le sujet. C'est pas le même entretien que celui de l'article "c'était avant ... mortelle !" de décembre dernier. Et, au fait, je vous (r)assure ! Flo et moi avons d'autres sujets de conversation !!
Ici : La cérémonie de dispersion des cendres de Silvia : le cadeau que nous a fait Jon, le mari de Silvia, après son envol ...
Ici : La cérémonie de dispersion des cendres de Silo : c'était en novembre 2010, au Parc de La Belle Idée
... on en parle, oui ! mais autour d'un café !
(à ce sujet, je cherche à changer le haut de ma petite cafetière italienne. Et non, pas le bas ... je l'aime bien, le bas. Roussi, doré, patiné par les centaines de chauffes protocolées, et témoin de mes heures les plus douces, comme les plus délicates. Bref, si vous avez ça dans vos greniers, suis preneuse)
La proposition : ici, vous trouverez le détail du fond et de la forme (conférence, ateliers, rituels, prises de son)