COMMUNICATIONS D'ESPACES
Mardi 20 avril 2021
Dans le train Marseille-Paris
... que j'ai pris mille fois, Paris-Marseille, Marseille-Paris.
Dans lequel j’ai rêvé, dormi, pleuré, ri, écrit (1), travaillé, divagué,
réfléchi. Un bout de ma vie existe, à part entière, dans ce trajet.
Après cette première étape de deux semaines dans le sud, de Romans-sur-Isère à Marseille, j'ai envie de vous partager ce retour vers la région parisienne. Ma mémoire, depuis ce matin, m’envoie des stimuli, et je perçois intérieurement, cénesthésiquement, des émotions et des ambiances anciennes. Elles racontent les petites ou grandes déchirures des départs, lorsque je quittais mon balcon parisien, ou le soleil marseillais. Et elles racontent aussi la joie d’arriver quelque part :
Arriver à Marseille, où après le long tunnel, la mer apparait, et Notre Dame de la Garde se découvre. Défilent ensuite les maisons, les platanes, la Friche, et puis enfin, la Gare Saint-Charles. Dés la sortie du train, je me cale sur l'esplanade, j’inspire l’odeur du ciel (2) et fume la première clope, devant le graaaand escalier.
Arriver à Paris, avec la traversée de ses banlieues qui me rappelle combien je suis soulagée de ne pas y habiter. La Gare de Lyon, puis le métro, ligne 1, ligne 9, puis la rue des Pyrénées, de la station Maraichers jusqu’au 120 bis. J’ai déjà sorti le passe de mon sac-à-dos, je pousse les trois lourdes portes (3), traverse la cour, prends l’ascenseur jusqu’au 3ème étage, porte droite.
Bonjour la maison ! Je vais sans doute commencer par me faire un café … En fait, quelle que soit la situation, je suis finalement toujours heureuse de rentrer chez moi, à Paris.
........
Train Marseille-Paris, le 20 avril 2021. Quelque chose me lie à cette ville mais ne m’y attache manifestement plus. Cette fois, même si ma mémoire m’envoie des sensations anciennes, autre chose s’installe. Quelque chose de nouveau qui n’est donc pas encore une expérience, mais qui le sera bientôt : toute à l’heure, j’arriverai dans un Paris que je n’habite plus. Je ne ferai qu’y passer, d’ailleurs, allant directement à la Gare de l’Est, prendre un autre train vers le Parc d’Étude et de Réflexion La Belle Idée (4) où je vais rester 3 semaines. Et j'observe cette étrangeté d'être "inconnue de moi-même", évoluant dans un monde connu.
(1) Et notamment l’adaptation pour mon amie Angèle (avec plein de privates jokes incompréhensibles pour les non-initiés ... mouhahahahaaaa !), du très beau texte de Kent « Juste quelqu’un de bien » interprété par Enzo-Enzo :
« (…) J’aime à pense que cette chanson terminée dans l’Paris-Marseille
Te fera marrer et puis, bon, je voulais juste te dire Angèle
Si nos chansons parlent d’amour, de révolution, de sacré
Ne laisse pas passer un jour sans te répondre qui tu es :
Juste quelqu’un de bien, quelqu’un de bien (…) »
(2) Le ciel, pour moi, a une odeur. Par exemple, à Paris, en hiver, quand il fait froid et sec, il a une odeur de fer (qui étrangement, me rappelle aussi l’odeur du ciel de la méditerranée occitane, les petits matins de juin, quand la plage est déserte).
(3) Au total, quatre énormes et lourdes portes. Celle qui donne sur la rue. Puis, en haut des quelques marches, celle qui permet d’entrer dans le premier hall. Puis celle qui ouvre sur la cour intérieure. Puis celle de l’entrée du deuxième immeuble (le 120 bis). Quatre passages aux seuils desquels se confirme chaque fois plus que les architectes d’ICF La sablière (le bailleur) vivent sur une planète sans parents à poussettes, personnes âgées, personnes handicapées et autres porteurs de courses et valises.